C’est de la nécessité de redécouvrir l’héritage d’une histoire familiale complexe que j'ai commencé à m’interroger sur la visibilité et la particularité des histoires appartenant aux minorités. Descendante de la “deuxième génération d’immigré*e*s nord-africaine” et habitante des cités, je m’inspire de l’histoire complexe de ma famille et de mes proches, si bien qu’elles et ils se retrouvent souvent acteurs de mes travaux.

C’est à travers les contextes politiques actuels complexifiés par des passés coloniaux où l’identité est sans cesse utilisée comme outil politique de rassemblement ou d’exclusion, que je tente d’interroger la visibilité des récits collectifs et individuels qui construisent les histoires des minorités.

Sensible aux problématiques liées à l’image et aux langages souvent utilisés comme outils de domination et d’assimilation, j’ai comme volonté de créer, à travers mes différents projets artistiques des espaces d’empowerment où une appropriation de ces instruments est possible.

Lauréate de la bourse aux arts plastiques de la Ville de Grenoble 2020, mes récentes recherches se sont situées sur la figure de la Beurette. Un mot inventé dans les années 70 pour définir les femmes françaises d’origine maghrébine, ce simple mot, par un jeu de glissement sémantique, se transforme dans les années 2000 en une figure péjorative de la femme arabe. Une image descendante des représentations orientalistes des peintres européens pendant et avant la colonisation des pays dit du Moyen Orient.
Cindy Bannani
(*1992, Montreuil, France)
Vit et travail à Paris
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